Anglo et Codelco : un pacte à 5 Md$ pour sécuriser l’avenir du cuivre chilien

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Georges WANG

9/18/20253 min read

Depuis septembre 2025, Anglo American et Codelco ont finalisé un pacte stratégique majeur autour de leurs mines voisines de Los Bronces (Anglo) et Andina (Codelco), situées dans la cordillère centrale du Chili, près de Santiago (Reuters). Cet accord, évalué à près de 5 milliards de dollars, vise à transformer ces deux sites en un district minier intégré. L’objectif : relancer la productivité d’une zone essentielle, sans avoir à lancer de nouveaux méga-projets coûteux, mais plutôt en optimisant les infrastructures existantes. Les premiers effets sont attendus à l’horizon 2030, après l’obtention des permis environnementaux nécessaires.

Le gain attendu est considérable. Les deux groupes estiment que l’accord permettra de produire 2,7 millions de tonnes de cuivre supplémentaires sur une période de 21 ans, soit environ 120 000 tonnes par an. En 2024 déjà, les deux mines affichaient une production importante : environ 181 600 tonnes pour Andina et 172 400 tonnes pour Los Bronces (Northern Miner). Avec ce partenariat, l’union des capacités existantes pourrait véritablement repositionner le district parmi les pôles miniers les plus productifs du monde.

L’un des points forts de cette alliance réside aussi dans la baisse des coûts. En combinant leurs opérations, Anglo et Codelco prévoient de réduire les coûts unitaires d’environ 15 %. La clé : une meilleure coordination logistique, le partage d’usines et d’équipements, une planification conjointe et une exploitation rationalisée. Dans un secteur où les marges dépendent de la maîtrise des dépenses, cette synergie est loin d’être anodine.

Mais au-delà des volumes et des coûts, l’accord illustre une évolution plus profonde de l’industrie minière : la nécessité de concilier croissance et durabilité. Les deux partenaires se sont engagés à renforcer la protection des glaciers, à mieux gérer les ressources en eau et à réduire l’empreinte environnementale dans cette région sensible des Andes (Reuters). L’idée est claire : montrer qu’il est possible d’augmenter la production tout en respectant des standards ESG plus exigeants.

Le Chili et son rôle stratégique

Cet accord prend tout son sens dans un pays qui reste le premier producteur mondial de cuivre (environ 5,3 millions de tonnes par an, soit près de 25 % de l’offre mondiale). Mais cette position de leader est fragilisée par plusieurs défis.

D’abord, la rareté croissante de l’eau. Le nord du Chili, cœur de l’activité minière, est l’une des régions les plus arides de la planète. Les compagnies sont contraintes d’investir massivement dans des usines de dessalement et dans des systèmes de recyclage de l’eau. Certaines parviennent déjà à recycler jusqu’à 85 % de l’eau utilisée dans leurs procédés, un chiffre qui illustre l’ampleur de la contrainte.

Ensuite, le pays doit composer avec des normes environnementales plus strictes et une pression sociale accrue. Les tensions entre communautés locales, ONG et grandes compagnies minières pèsent sur la délivrance des permis et allongent les délais de mise en œuvre des projets. Un exemple récent illustre ces difficultés : la mine El Teniente, opérée par Codelco, a connu un incident majeur en 2025 avec l’effondrement d’un tunnel, causant une perte estimée à 33 000 tonnes de cuivre et relançant le débat sur la sécurité et la durabilité des sites.

Ces contraintes expliquent pourquoi des initiatives comme l’accord Anglo-Codelco sont si stratégiques : elles permettent d’augmenter la production sans lancer de nouveaux mégaprojets contestés, en donnant des gages sur la responsabilité environnementale et sociale.

Le succès du projet dépendra avant tout de l’obtention des permis d’ici 2030. Mais l’esprit qui l’anime est révélateur : dans un contexte où les grands gisements faciles d’accès se raréfient, la valeur ne se crée plus seulement par l’exploration, mais aussi par l’optimisation, la collaboration et le partage d’infrastructures.

À l’heure où le cuivre est considéré comme le métal clé de la transition énergétique, indispensable aux réseaux électriques, aux véhicules électriques et aux énergies renouvelables, cet accord montre que les acteurs qui anticipent les transformations, en intégrant durabilité et efficience, seront les mieux placés pour répondre à la demande mondiale croissante.

Sources : Reuters

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